La société Vol-V Biomasse, basée en Seine-Maritime, va implanter à Marboué une usine de méthanisation. Elle devrait être opérationnelle au début de l'année 2018, et sa construction débuter en mars prochain.
Début du chantier en mars, à Marboué
Mais qu'est-ce qu'une usine de méthanisation ?
Cette activité repose sur un "processus naturel de dégradation biologique de la matière organique dans un milieu sans oxygène due à l'action de multiples micro-organismes (bactéries)", peut-on lire sur le site developpement-durable.gouv.fr, du ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer. Ce processus peut aussi être réalisé dans une installation de type usine, où le gaz produit par les mêmes matières en décomposition, le biogaz, qui se compose d'environ 55 % de méthane et pour le reste de dioxyde de carbone (CO2), peut ensuite être valorisé.
Ce processus diffère du compostage, que l'on peut faire soi-même dans son jardin à partir des déchets verts, alimentaires, etc. Pour le compost, la dégradation se fait en aérobie, c'est-à-dire en présence d'air, et le gaz qui est ressort n'est composé que de CO2, ce qui ne présente pas d'intérêt. Pour la méthanisation, elle se fait sans air, en anaérobie, et c'est pour cela que le gaz produit est à 55 % composé de méthane, exploitable quant à lui. Dans le milieu naturel, la dégradation sans air a lieu aussi : par exemple dans certains marais.
En usine, on peut tirer partie du biogaz selon deux grandes options : soit produire de l'électricité et de la chaleur, les deux allant de pair, soit produire du gaz naturel à injecter dans les réseaux de ville. Dans les deux cas, il y a un travail à faire, car le biogaz ne peut être injecté tel quel : il faut l'épurer, c'est-à-dire soustraire son CO2, qui sera relâché dans la nature. C'est donc bien le méthane, qu'il faut injecter.
À Marboué, l'usine produira du gaz qui sera injecté dans le réseau GRDF, comme l'explique Yoann Leblanc, le directeur général de Vol-V Biomasse, qui était mardi à Châteaudun pour signer l'achat du terrain.
"Faire de l'électricité et de la chaleur, c'est en fait consacrer 35 à 40 % du biogaz à l'électricité qu'on injecte dans le réseau, et le reste en chaleur. Or la chaleur, c'est vraiment très compliqué à valoriser, il y a beaucoup de perte."
YOANN LEBLANC, DE VOL-V BIOMASSE
Donc notre biogaz, on l'épure, on le comprime, et on l'injecte dans le réseau GRDF où il ne se différencie pas, de par sa qualité, avec le gaz naturel qui circule déjà. Et là, on a un niveau d'efficacité vraiment excellent, car tout ce gaz que l'on produit, on le livre. On a juste un peu d'autoconsommation (10 %), car on a besoin de chaleur pour chauffer les digesteurs (cuves qui servent à la méthanisation, ndlr). En termes de rendement, on n'est donc pas à 90 %, parce qu'il y a toujours un peu de perte, mais à bien plus de 80 %.
Quant au 45 % de CO2, il est rejeté dans l'atmosphère, mais comme il le serait si on laissait la matière organique, que nous on valorise, se dégrader dans la nature. Mais si on y réfléchit deux minutes, les plus de 80 % de méthane qu'on injecte dans le réseau aussi, in fine, deviennent du CO2 : une fois qu'il a été utilisé par votre gazinière, par exemple. L'intérêt de l'étape qu'on ajoute à ce processus de dégradation naturel, c'est de substituer en quantités équivalentes notre gaz tiré du biogaz au gaz naturel qui circule dans le réseau, et qui est lui d'origine fossile. Sans compter que l'on ne produit pas ce gaz naturel nous-même : on l'importe."
Précisons pour conclure que les matières organiques, autrement dit les déchets verts et alimentaires, qui atterriront à l'usine de Marboué au début du processus, seront collectés localement. À la fin du processus, un déchet est produit, appellé digestat, qui peut à son tour être valorisé en étant épandu dans les champs.
Mathieu Fiolet